Les hautes flèches des tours vibraient dans le crépuscule, si élevées qu’elles semblaient tracer un sillon sanglant sur le ventre des lourds nuages d’argent. Chaque sculpture était si finement réalisée que les gargouilles n’avaient qu’à s’ébrouer avant de s’élancer de leur socle. Chaque baie rivalisait de beauté avec la précédente, mariant vitraux et dentelle de pierre avec grâce, et élégance.
Ce Manoir était sans conteste le plus beau qu’il ait été donné de regarder. Un « manoir » ? Le mot « palais » conviendrait mieux à ces tours innombrables, à ces colonnes ouvragées et à ces toits à perte de vue…
Et cette pierre ! Plus dure que le diamant le plus pur et plus lisse que la surface d’un lac, elle semblait absorber chaque rayon du soleil déclinant. A l’esprit de celui qui la fixait ne venait qu’une seule certitude : ce n’était pas une main d’homme qui avait ciselé cette roche, aucun mortel n’avait élevé ce palais, non… Il semblait surgir d’un temps dont les vivants ne se souviennent plus, un temps de légendes…
Tremble, pitoyable humain, car ceux qui vivent dans ce Manoir ne connaissent pas la pitié…