Histoire d'Elanor

Mon aventure commence en ces temps reculés de l'histoire Française. Les hommes, alors, étaient conduits par des idéaux de bravoure, de loyauté et de courage. En ces temps, les chefs de Clan partageaient encore leurs pouvoirs avec leurs Druides et leurs Prêtresses.
Avant même ma naissance, ma position de première fille du Chef du Clan des Corbeaux m'avait promise à la Déesse Mère, la Lune. J'étais sa fille et, en temps que tel, je vécus recluse jusqu'à l'année de mes vingt printemps, apprenant à être guerriseuse mais également à lire l'avenir dans une vasque d'argent pur emplie d'eau de source. A l'aube, nous allions cueillir les plantes, qui nous étaient necessaire, encore lourdes de rosée. L'après-midi, nous allions chasser le cerf et le sanglier à cheval. Les plus rapides s'amusaient à battre les lièvres à la course, j'en faisais partie. La nuit, enfin, nous allions danser nues dans les cromlech, assurant la Lune de notre dévotion et de notre amour éternel.
Je ne savais pas alors que mon destin m'observais, nuit après nuit, attendant patiement son heure. Je ne savais pas alors que j'allais finir par éprouver autant d'inquiètude que d'amour à la vue de cette même Lune, pleine et nouricière.
Ainsi avons-nous grandi, dans l'ignorance du monde bien que le connaissant mieux que personne, dans l'ignorance de la guerre bien que maniant les armes, dans l'ignorance de l'homme bien que d'une sensualité exacerbée. Nous abandonner dans la réalité aurait été un bien mauvais choix. Nous incarnions tout ce dont chacun rêve mais ne peut obtenir: l'innocence et la passion, le danger et la fragilité, la sagesse et la candeure. Nous aurions été enviées et désirées aussi bien par les hommes que part les femmes. Nous en avions vaguement conscience mais n'en faisions pas cas, cette éventualité ne verrait jamais le jour, cela n'arriverait jamais.
Nous étions les filles de la mère, nous étions les épouses du Dieu Cornus, son amant sauvage, et, l'année de vingt ans, je fûs choisie pour recevoir l'esprit de la Mère lors des fêtes de Beltane. Un des hommes du Clan, que je ne reverrais surement jamais, allait me posseder comme un mari possede son épouse. Ce serait le plus valeureux et le plus sage des guerriers qui, lui, recevrait l'esprit du Cornus.
Le jour annoncé arrivait à grand pas. Ma seule peur était que l'homme qui me toucherait serait surement le père, l'oncle, ou le frère d'une de mes amies. Je ne voulais pas penser que cela puisse être un des miens. Mais la nuit venue, alors que tous les brasiers lançaient haut leurs étincelles comme un défi aux étoiles et que je m'avançais, nue, le corps recouvert de peinture en entrelacs retracant chacunes de mes courbes, mes yeux étaient bien trop pris par ce monde de cris de danses et joie sauvage, qui m'était inconnu, pour étudiez l'homme auquel on me menait. Je sentis juste que quelqu'un me prenait la main et m'entrainait vers le cercle de pierre.
Une fois en haut, cernée par les monolithes et l'esprit éclaircit par la fraîche brise du soir, j'observais l'homme. Nous étions seuls.
Il était grand, recouvert de peau de bêtes et portait un masque de bois sculpté à l'image du Cornus. Deux yeux d'un bleu intense m'étudiaient. Il défit le noeud retenant la première pièce de cuir et dévoila sa peau d'une blancheure de neige. Son torse était finement musclé sans rien de trop violent, plus élancé que puissant même une force inouie semblait emmaner de son corps. Ma seule pensée fûs du soulagement à l'idée que cet homme était jeune. Le temps m'apprendrait à quel point j'étais loin de la vérité. Ses mains fines qui avaient tenues les miennes montèrent jusqu'à son masque qu'il ôtat. Une cascade de cheveux d'ébène coula sur la soie pâle de sa peau. Ses traits étaient parfaits, un rien andogyne, sa peau imberbe, sa bouche semblait douce et ses yeux vifs et mysterieux. J'étais perturbée car il ne ressemblait à aucune de mes compagnes, ni aucun des Druides, ni aucun des membres du Clan que j'avais été autorisé à rencontrer. Cet homme n'était pas l'un des notres et ne pouvait donc avoir été choisit pour incarner nos Dieux.
J'étais prête à fuir quand il posa ses doigts fins sur mon bras, captant mon regard pour que je me nois dans le sien, me faisant entendre sa voix pour la première fois.
-"Ne me fuis pas, ma belle Elanor, ma douce guerrière, ma tendre danseuse."
Sa voix tomba sur moi comme une chaude pluie. Se glissant entre mes cheveux d'or qu'il carressait d'une main, faisant frissonner mon corps comme avant la tempète, quand l'air est piquant et rempli de magie.
-"Qui êtes-vous?" Parvins-je à murmuré alors qu'il enfouissait son visage dans mon cou et le picorait de baisers.
-"Qui je suis n'a pas d'importance car à partir de ce soir, et pour l'Eternité, je ne serais plus que ton créateur, ton père, ton frère, ton mentor, ton ami, ton amour, et ton amant. A partir de cette nuit, tout ce qui me définira sera toi et tout ce qui te définira sera moi. Nos essences se meleront, nos corps s'apprendront et nos âmes s'envoleront."
Ses mains retraçaient les dessins de peintures dont m'avaient parée mes compagnes. Mes mains se posèrent sur ses hanches et mon esprit embrouillé nota qu'il avait retiré la dernière peau sans que je m'en aperçoive. Il se tenait maintenant nu devant moi. Ses lévres s'égarèrent un instant sur ma poitrine avant qu'il ne se redrese et me serre contre lui, son visage à quelque centimètre du mien. Son souffle chaud balayant mes lévres:
-"Me veux-tu, belle Elanor? Si tu acceptes, sache qu'il n'y aura jamais aucun retour en arrière. Le reste de ton existence ne sera que nuit, sang et volupté. Tu devras quitter tout ce que tu chéris pour me suivre, sans même dire au revoir aux tiens. Je t'offre une Eternité de ténèbre, mais une Eternité à mes côtés et à ceux de tes nouveaux frères."
Mon regard d'ardoise se perdit dans les profondeures voilées par ses longs cils. Je ne doutais pas un seul instant de mon choix. S'il m'offrait une Eternité dans ces bras, il pouvait m'avoir. Assise sur la pierre, lui debout face à moi, je lui donnais ma réponse d'un baiser. Il me sourit et posa sa bouche sur mon cou.
Il me fit sienne à l'instant où ses crocs percèrent ma peau, me buvant et m'étreignant. Faisant de moi, dans un baiser mortel, l'une des leurs, une Vampire tel que les Druides nous les avaient décrit: magnifique, fascinant et dangereux. Je perdais connaissance dans ses bras.
La nuit suivante je me réveillais, comme il l'avait promis, à ses côtés. Il me sourit de sous le voile de ses boucles sombres, remettant une mèche d'or indisiplinée derrière mon oreille. Je regardaient autour de nous et découvrit qu'il m'avait transportée dans une sorte de mausolée pendant mon moment d'inconscience pour nous mettre à l'abris de l'aube.
Il s'assit derrière moi et je m'adossais contre sa poitrine.
-"Tu dois te nourir, mon Amour. Ta soif sera brûlante pendant quelques dizaines d'années, ensuite elle s'atténuera et tu ne boiras que lorsque tu le souhaiteras."
Alors qu'il me carressait le visage, je pris sa main et embrassais sa paume.
-"Ne m'en veux pas. Je me sens bien trop humaine pour boire le sang de ceux qui hier encore était mes frères."
-"Je comprends mon Amour. J'ai été jeune aussi, il y a bien longtemps."
-"Combien de temps?" demandais-je curieuse.
Il me sourit encore mais ce sourire portait le poids de longues années:
-"Trop longtemps, mais ce récit sera pour une autre nuit."
Il attrapa une petite dague d'argent ciselée et s'entailla le poignet avant de me le présenter.
-"Bois, mon Amour. Mon sang te fortifira."
-"Mais et toi," l'interrogeais-je en posant mes lévres sur le mince filet écarlate. "Cela va t'affaiblir."
Il m'embrassa le front et me serra contre lui.
-"Ne t'inquiètes pas pour moi. La nuit dernière je me suis nourris de la plus agréable des façons et à la plus douce des sources."
Et là, mon sang coulant en lui et le sien en moi, je réalisais ma situation et rougissais. La veille, en me levant, je ne le connaissais pas et maintenant je buvais l'essence même de son corps, nos peaux nues l'une contre l'autre.
-"N'ai pas peur. Je t'aime ma sombre colombe. Mais dès maintenant tu dois apprendre ton nouveau monde..."
Et il m'apprit les Ténèbres. Plusieurs siècles durant, nous parcourûmes tout le monde monde connus ensemble, croisant parfois nos semblables qui nous accueillaient chaleureusement mais avec méfiance. Tous savaient qui j'étais: Elanor, la colombe sombre. Celle qui lisaient les coeurs et les brisaient. Tant tôt enfant innocente, tant tôt femme séductrice et fatale. Je les intriguais tous mais tous me craignaient. La Prêtresse de la Lune, celle qui lâcher dans le monde aurait été une bénédiction et un tourment sans fin pour ceux qui croisaient son chemin, était libre. La plus grande erreure de la majorité d'entre eux était de me sous estimer, mais ils ne le faisaient qu'une fois.
Au court des siècles qui suivirent, le Corbeau et la Colombe se croisèrent et se perdirent souvent. Fidèles dans leurs sentiments, cela ne les empêchait aucunement de s'offrir à d'autre, mais jamais autant que l'un à l'autre. Restant parfois ensemble quelques décénies puis ne se voyant plus pendant quelques siècles ou bien l'inverse. Je ne sais plus. Nous retrouvant toujours avec passion et amour et nous quittant toujours avec regrets.
Aujourd'hui, ça fait longtemps, trop longtemps. Mon esprit se languit de son savoir, mon âme de ses "je t'aime", et mon corps du sien.
Je viens à toi, Norielle, je viens à toi Dame Claudia Demona, je viens à vous enfants des douces splendeurs des ténèbres. Mes vieux amis, avez vous entendu récement parler de lui?

Malheureusement, non... Si j'avais croisé un tel être, je m'en serais souvenu sans aucun doute!
Ta détresse, pourtant, me fait peine... J'interrogerais le vent pour toi...

Moi non plus je n'ai pas entendu parler de ton aimé mais avec Norielle nous seront la pour te soutenir ma chere amie.

"Mille merci de votre compassion, belles dames. Un jour peut être se fera t-il connaitre de nous. Ce jour là, la Colombe Sombre pourra de nouveau ouvrir ses ailes."

» Les Prémices de l'Histoire...
» Voici la triste histoire de Norielle...